Co-piloté par l’Iram et le Gret avec la participation du Geres les réflexions de ce Traverses 51 sont dédiées aux pratiques et positionnements des acteurs de développement sur les terrains en situation de conflits et dans des contextes armés et politiquement instables.
Les organisations membres du Groupe initiatives sont nombreuses à intervenir aujourd’hui dans des zones en conflits. Elles y sont, pour la plupart, présentes depuis de nombreuses années avant le déclenchement des conflits actuels. Certaines y ont vécu plusieurs épisodes de violences suivis de périodes d’accalmie plus ou moins longues marquées néanmoins par des régimes autoritaires, discriminants ou fortement contestés (Afghanistan, Haïti, par exemple). Les questions de pratiques et positionnement en zones de conflits ne sont donc pas nouvelles pour les organisations du Groupe initiatives. L’Iram dans les années 90 se demandait déjà comment adapter des interventions en zones de « chaos durable » (l’organisation intervenait alors au Rwanda, en Haïti, et au Nord-Mali).
Mais ces questions deviennent de plus en plus prégnantes pour nos organisations. Le nombre de conflits s’est accru dans les trois dernières décennies, avec une accélération notable ces dernières années. Les logiques spatiotemporelles de ces conflits évoluent également. Ils s’avèrent plus longs et complexes, parfois se superposant, enrôlant des acteurs nationaux, transfrontaliers et même internationaux. Cela est particulièrement évident dans les zones où le terrorisme est utilisé comme mode opératoire. L’emprise géographique des conflits s’étend et des espaces considérés comme « en paix » depuis des décennies basculent rapidement dans une situation de violence.
Les organisations du Groupe initiatives ont donc souhaité s’interroger sur la spécificité de leurs actions dans quelques-uns de ces contextes et en débattre. Une journée d’étude a ainsi été consacrée à cette question. La journée d’étude du 17 janvier 2023 a aussi permis de débattre au-delà du Groupe initiatives, avec d’autres acteurs de développement, des acteurs de l’humanitaire, des chercheurs et des agences d’aide au développement.
Ce numéro de Traverses retient les principaux éléments de ces échanges. Il ne prend pas en compte l’évolution de la situation au Sahel qui s’est complexifiée depuis la tenue de cette journée et l’édition du présent Traverses, notamment avec la survenue du coup d’Etat de juillet 2023 au Niger.
A partir de l’analyse d’actions de développement menées dans différents pays par les organisations du Groupe initiatives, sont questionnées la nature et les évolutions de nos partenariats, nos modes opératoires et l’adaptation de nos méthodes. Notre légitimité à intervenir et les conditions de celles-ci sont aussi questionnées. Sans se hasarder à émettre des recommandations, ce Traverses s’attache à repérer certains des acquis de nos organisations mais aussi quelques-unes de nos limites à l’intervention en zone de crise.
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