La notion de risques liés aux projets de développement est depuis longtemps intégrée dans les démarches de travail des organisations de solidarité internationale (OSI) : le risque est inhérent au contexte des pays et des territoires de coopération (instabilité politique, sécurité des équipes, fiabilité des partenaires, aléas climatiques, etc.). Savoir l’anticiper et réussir à le gérer sont deux qualités de plus en plus perçues (et attendues) comme des savoir-faire spécifiques des organisations de solidarité internationale pour résoudre les principaux facteurs d’inégalité, d’injustice et aussi de conflits (adaptation aux changements climatiques, sécurité alimentaire, réhabilitation, etc.).
Le risque est devenu un élément constitutif de notre identité : sa gestion fait partie intégrante de nos modalités de travail, à tel point que les OSI sont souvent reconnues et recherchées pour leurs facultés de résilience, autrement dit, leurs capacités à adapter leur fonctionnement, leurs modalités opératoires et leurs démarches partenariales pour mieux anticiper et répondre à ces enjeux de territoire liés au risques.
Cette capacité de résilience – qu’elle soit acquise volontairement et revendiquée ou pour faire face à ce nouvelles réalités dans la gestion de projet et donc davantage subie – ne doit pas mettre le voile sur les réalités qui rythment notre quotidien. Le risque est inhérent à toute action et pourtant, il n’est finalement que très peu pris en compte par nos partenaires techniques et financiers : il est souvent réduit à quelques hypothèses critiques dans la dernière colonne des cadres logiques !
Le risque est quotidien. Il pèse comme une épée de Damoclès sur nos organisations, notamment celles du Groupe initiatives : les spécificités de nos modèles économiques, nos différentes méthodes de coopération ainsi que l’évolution rapide des contextes d’intervention avec leur corollaire, la complexité des procédures bailleurs de gestion des projets, nous incitent à lancer une réflexion collective relative aux formes et aux modalités de gestion du risque dans les projets de développement.
L’équation du « risque projet » est complexe et elle intègre des éléments déjà abordés dans certaines journées d’étude précédentes (Les ONG de développement face à l’urgence – Traverses N°37, Les partenariats au coeur des enjeux de territoires – Traverses N°42) : mais c’est aussi devant les procédures de gestion des bailleurs que nous nous sentons les plus isolés : les OSI doivent-elles être les seules à gérer l’ensemble de ces risques projets ? Aujourd’hui, nous pouvons affirmer qu’en l’état actuel, aucun projet n’offre suffisamment de marge pour couvrir les risques réels qu’il fait courir à nos organisations.